Un voyage initiatique...

Neuf mois allaient s’écouler depuis que le destin mit sur la route de Neoz, une jeune elfe sorcière qui était devenue tout pour lui. Liés par ce sentiment puissant appelé Amour qui ne cessait de grandir, les deux êtres étaient fusionnels à jamais et avait une profonde admiration l’un pour l’autre.



La nuit était sur le point de tomber sur la douce île d’Avalon. Les oiseaux virevoltaient dans le ciel pour rejoindre leurs nids douillets et les écureuils-lions se terraient dans leurs abris. Adossé sur la fenêtre de sa chambre, le rôdeur attendait la venue de sa tendre aimée. Un regard sur les flots qui venaient mourir contre le rivage, un air mélancolique pouvait se lire sur les traits du felys pourtant d’habitude plaisantin.

Dans ses mains serrées, on pouvait apercevoir un bout de papier froissé. Une enveloppe cachetée au nom d’un roi, posée sur la table basse près de la commode. La gorge du felys se nouait comme si un évènement terrible venait d’avoir lieu…

La journée avait été très chaude, baignée par un soleil omniprésent, et la nuit qui arrivait en serait que plus douce.

L’humeur guillerette et joyeuse, Demos’ traversait le village en chantonnant. Elle allait rejoindre son tendre aimé comme chaque soir maintenant. Parfois elle le rejoignait chez lui ou parfois c’était lui qui venait la surprendre pour l’emmener en balade dans les recoins secrets de l’île …
Tous deux vivotaient chez l’un, chez l’autre, élisant domicile aussi bien dans la maison des Anciens que dans la petite maisonnée de l’elfe.
La routine et les habitudes n’étaient pas la bienvenue dans leur couple. Dans la journée chacun vaquait à ses occupations, ensemble ou non, et leurs nuits étaient toujours le moment où ils se retrouvaient tous deux.

Cette journée elle l’avait passée en bordure de forêt à chercher des ingrédients pour réaliser de nouvelles potions magiques : racines de pissenlits, pétales d’anthère noire ou encore champignons bien spécifiques dont elle connaissait les moindres vertus secrètes.
Au détour d’un buisson, elle était tombée nez à nez avec un arbuste de fraises sauvages et un autre de petites myrtilles. Ni une ni deux elle s’était empressée d’en faire une méticuleuse cueillette.

C’est donc avec une petite coupelle remplie de fruits à la main qu’elle avançait joyeusement à la rencontre de son bel amant ce soir. De temps en temps elle piochait de sa main gracieuse dans le récipient pour picorer quelques petites fraises tout en marchant.

Au bout de quelques minutes elle fut enfin devant chez Neoz. Il l’attendait adossé à sa fenêtre, dans la pénombre du soleil couchant. Elle pressa le pas, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Une fois à sa hauteur, elle s’approcha de lui et passa son bras libre autour de son cou.

"Bonsoir joli félin. Vous attendez quelqu’un ?"

Elle n’avait fait aucun bruit, aussi légère qu’une plume ses pas ne se faisaient pas entendre sur les vieilles marches de l’escalier qui menait à l’étage. Cependant c’était son parfum qui avait averti le rôdeur de son arrivée. Il ferma les yeux pour s’en imprégner et les ouvrit quand elle se trouva tout près de lui à quelques centimètres seulement, le souffle sur sa nuque.

Un doux baiser il déposa sur sa tempe avant de plonger dans ses yeux amandes.
C’est vous que j’attendais belle demoiselle.

A ces mots il posa le morceau de papier froissé aux côtés de l’enveloppe et prit les mains de la jeune elfe dans les siennes et allèrent s’asseoir tous les deux sur le lit. Son visage était radieux comme toujours et le rôdeur ne pouvait pas séparer son regard du sien. Ses mains tremblaient quelques peu encore bouleversé par le contenu de la lettre et les conséquences qui en résulteraient. Il serra fort les mains de sa douce compagne avant de relâcher son étreinte et se diriger de nouveau vers la fenêtre.

Si je t’ai dit de me rejoindre ce soir c’est que j’ai une chose à te dire…Il s’est passé un drame récemment ma chérie, et…

Il n’arrivait pas à en dire plus, le son de sa voix restait sans force, de peur de finir la fin de sa phrase. Il se tourna vers elle, le regard bas et la lettre à la main qu’il lui tendait presque involontairement.
Le visage de la sorcière avait changé d’expression et s’était refermé lentement. Ce n’était pas la première fois qu’il lisait cette sensation d’inquiétude sur le visage de son aimée, mais c’était la première fois qu’il en était la cause.

Un froid s'engouffra dans la pièce et le temps s'était interrompu l'espace d'un instant. Ses doigts se relâchèrent et la feuille se laissa flotter un moment avant de retomber devant les pieds de Demosthenia...

L’inquiétude avait voilé le regard enjoué de Demosthenia. Involontairement elle avait froncé les sourcils, son sourire s’évanouissait au fur et à mesure qu’elle mesurait le mal être de Neoz.

Mais que ce passait-il ?
Et cette lettre ?

Neoz avait quelque chose à lui dire mais elle avait bien vu qu’il n’y arrivait pas. Sa voix s’était étranglée aux premiers mots qu’il avait prononcés.

"Chéri ? …" hasarda-t-elle.

Assise sur le lit face à lui, elle était de plus en plus inquiète mais n’osait pas parler plus.
Ses yeux se posèrent sur la lettre tombée à terre à ses pieds. Délicatement et tout en regardant son bel amant le regard interrogateur, elle se pencha pour la prendre en main. Elle la déplia et lu brièvement quelques mots de ci de là …

… Roi Griffon …
… Appelé …
… Chaos …
… Besoin rapide d’aide …

Les quelques bribes de mots qu’elle venait de lire résonnaient encore dans sa tête. Elle n’avait que trop bien compris …
C’est les yeux perdus et le regard interrogateur qu’elle releva la tête vers celui qui partageait sa paisible vie …

Le regard toujours fixe et neutre sur le parquet de la chambre, le rôdeur avala la boule qu'il avait au fond de la gorge et se ressaisit pour prendre la parole.
Elle devait avoir une explication claire, il se devait de la rassurer, bien que lui même soit affecter par les conséquences qu'entraineraient cette lettre.
La voix toujours faiblarde mais le regard dirigé vers la magnifique elfe, il entreprit le dialogue.

Je...suis appelé sur le continent.. pour rétablir le chaos qui règne dans la vallée des griffons...

Le felys fit une brève pause durant laquelle il s'avança vers quelques pas pour être au plus près de son aimée.

Le Roi...celui là même que j'ai libérer il y a peu...c'est lui qui m'a donné cet ordre et je ne peux aller à son encontre.
Mais pour cela il va falloir...

Il s'assit sur le lit et prit délicatement les mains de l'elfe dans les siennes, laissant retomber une nouvelle fois au sol la maudite lettre, et après avoir chercher le regard de sa tendre compagne il prononça douloureusement ces quelques mots qui sonnaient comme une sentence.

Pour cela...je devrais partir loin d'ici et loin de toi... pendant un cycle entier de la Lune...et ce dans une semaine...

Le silence.
Pendant un long moment ils s'étaient regardés tous les deux sans vraiment comprendre ce qui s'était passé.
Le coeur serré.

"Partir ? …
Mais …"

Ses yeux se plissèrent sous l’effet de la nouvelle qui fit faire une embardée à son cœur. Elle voulut continuer à parler mais ne pu pas prononcer d’autres mots. Elle avait le cœur au bord des lèvres et les larmes qui montaient aux yeux.

Elle détourna le regard de Neoz quelques secondes pour ne pas lui rendre les choses plus difficiles qu’elles ne l’étaient déjà pour lui.
Ravalant tant bien que mal cette montée d’angoisse, elle tenta de reprendre la parole.

"Mais pourquoi ?
C’est pas possible …
… Un cycle entier de Lune … c’est très long mon cœur …"

Elle qui n’aimait pas du tout la solitude, elle allait être mise à rude épreuve. Dans sa tête milles et unes images se bousculaient. Toutes ces choses difficiles qu’elle avait enduré dans sa petite vie, tous les départs sans retours qui se sont bousculés autour d’elle. D’une manière différente son cœur allait à nouveau souffrir de l’absence d’un être aimé. Encore une fois … nan pas encore une fois … pas cette fois …

Ses yeux se mirent à briller et son regard s’illumina.

"Mais je sais chaton !!!" s’exclama-t-elle sur un ton plein d’espoir.

"Je sais !!! On ne sera pas séparés !!!
Je vais venir avec toi !!!!!
Tu sais qu'on est inséparable !!! Et moi j'ai pas peur de venir là-bas !!! Et ça tu le sais !!!"

Elle s’était levée et se tenait debout devant Neoz, elle le sourire aux lèvres et les yeux larmoyants, lui le regard vide et les yeux compatissants …

Elle avait su le toucher avec ses mots. Son innocence, sa volonté à tout épreuve c'est ce qu'il admirait chez elle, et ce qui le faisait fondre en milles morceaux.
Rien de tout ça n'était plus vrai qu'à cet instant précis.

Sa gorge se serrait et une larme coula le long de sa joue. Il voulait tellement lui dire de venir avec lui. Qu'elle avait raison et que rien ne les empêcherait d'être ensemble.

Et il repensa à la longue lettre du Roi Griffon : Seul une soixantaine de combattants avaient était appelés, parmi les plus forts de ces Terres, pour remettre de l'ordre dans la vallée chaotique...

Elle se tenait devant lui, le regard brillant, entre détresse et espoir. Les mots auraient été impossible à prononcer de la bouche du felys. Jamais il ne lui avait dit non pour quoique ce soit.
Il baissa la tête...et fit un pas vers son amour. Son coeur avait presque cessé de battre quand il leva son bras pour essuyer la larme qui s'annonçait au coin de l'oeil de l'elfe. C'est alors qu'il la prit dans ses bras et la serra fort contre lui.

Tu ne pourra pas mon ange... pas cette fois..

Il avait murmurer cela à son oreille, la soutenant de ses bras pour ne pas la voir s'effondrer devant lui. Son coeur avait été arraché de sa poitrine lorsqu'il dit ses mots, créant une douleur atroce dans son être...

"Mais si je pourrai !!!!
Je viendrai avec toi et je me battrai à tes côtés !!!" reprit-elle d’un air résigné.

Les mots sortaient tout seuls alors qu’elle savait parfaitement que le suivre causerai sa perte. Mais elle ne pouvait se résigner à croire à tout cela.
Enlacée dans ses bras protecteur, elle luttait pour ne pas se laisser aller et ne pas pleurer, se rattachant à l’idée de le suivre coûte que coûte. Les larmes prêtes à couler, elle ne voulait pas admettre la triste réalité.

D’une petite voix qui se mourrait elle termina en réalisant finalement que rien de ce qu’elle dirai ne pourrai changer quoi que ce soit.

"… si je pourrai …"

Sa voix mourut dans un sanglot et les larmes réussirent à s’échapper de ses grands yeux azur. Elles roulèrent lentement sur ses joues et vinrent tomber dans le cou de Neoz.

"Je … je veux pas … te … te perdre …"

Heureusement que Neoz la soutenait car elle se laissa porter totalement, soutenue faiblement par ses jambes qui voulaient se dérober sous ses pieds …

Premiers jours ...

Neoz était finalement parti ...
Son départ fut très difficile.
Je le voie encore s'éloigner de moi, le regard triste mais décidé à acomplir sa mission jusqu'au bout.
J'ai essayer de ne pas pleurer ... de ne pas lui montrer que son départ me déchirait le coeur ... mais tout ça il le savait bien sûr ... je l'ai vu dans son regard qu'il m'a lancé avant d'embarquer sur le petit voilier qui allait l'emmener loin de moi ... loin des siens ... loin de cette île qui était désormais sa maison.
Je suis restée sur la plage très longtemps, à regarder l'embarcation s'éloigner et finalement se fondre dans l'horizon.
Les larmes que je retenais, c'est à ce moment là que je les aies versées. Il ne fallait pas qu'il les voyaient.

Il est parti ... mais je sais qu'il reviendra !!! Il me l'a promis ! Et avec moi quand on promet ....... ça il le sait aussi ...

Première semaine ...

Mes jours et mes nuits furent ... identiques.
Toujours le même rituel ...

Réveil seule dans ce grand lit froid, très tôt, l'humeur morose.
Pour me changer les idées je file dès que le jour se lève vers le continent. Là bas je m'entraine dans la chaleur écrasante du volcan de Barla. Je me bat ... je me soigne ... et je fais des rencontres. Des amis, des alliés ou encore des vendeurs avec qui je troque des objets rares qui me seront utiles à plusieurs quêtes.

Une fois ma chasse terminée l'envie de revenir sur l'île s'envole. Aussi je décide de visiter chaque jour les cités de nos alliés. Là bas je discute, je me pose dans les tavernes, je marchande avec les vendeurs. Mais toujours seule ... D'habitude c'est avec toi que je me retrouve là bas ... Mais pas ces fois ci ...
Un peu étonnés de me voir sans mon chaton, il ne posent pas trop de questions tout en me sachant seule et ils tentent gentillement de me faire sourire.

Lorsque la nuit retombe, je rentre tranquillement sur notre île.
Elle est calme en ce moment ... très calme ... chacun vaque à ses occupations et l'on se croise que rarement. Mais c'est ainsi. C'est une période comme ça.
Je retourne me coucher ... seule ... triste de ne pas t'avoir contre moi ...

Tu es parti ... mais je sais que tu reviendra !!! Tu me l'a promis !

Tu me manque ...

Seconde semaine ...

C'est long ... je m'ennuie ...
Et chaque jour et chaque nuit sont les mêmes.
Avec toi mes journées étaient de rose teintées ... sans toi elles ne sont que grisées ...
Avec toi mes nuits étaient blanches ... sans toi elles sont sombres.

Tous les soirs je vais jusqu'au port où je m'installe sur le sable et passe de longues heures à espérer ton retour. Lorsque la nuit prend la place du jour et que la Lune remplace le soleil je l'observe et me mets à chantoner en pensant aux moments qui nous unissent.
Cette chanson ... toujours la même en tête ... pour toi ...